De nouvelles données comparatives montrent que les juridictions canadiennes pourraient rattraper les principaux états américains

De nouvelles données comparatives montrent que les juridictions canadiennes pourraient rattraper les principaux états américains

Brendan Haley

Directeur des politiques | Efficacité énergétique Canada

15 Mai. 2020

Blogs | Médias

  • Une première analyse comparative nord-américaine des économies d’énergie montre que les provinces canadiennes ont de la marge pour rattraper les principaux états américains
  • L’augmentation des économies et des budgets aux niveaux atteints dans les principales juridictions est un objectif réalisable pour la reprise économique post-COVID-19, avec un potentiel de création de 175 000 emplois par an
  • L’élargissement de l’échelle et de la portée des portefeuilles de programmes d’efficacité existants constitue une initiative de relance “prête à l’emploi”, avec des systèmes de mesure et de responsabilisation déjà en place.
L’année dernière, Efficacité Énergétique Canada a publié son premier tableau de bord des politiques provinciales canadiennes. En préparation d’une conférence, nous avons travaillé avec l’American Council for an Energy Efficient Economy (ACEEE) pour comparer les économies d’énergie et les objectifs des provinces et des états. Notre analyse comparative montre que les provinces canadiennes ont une marge de manœuvre pour rattraper les principaux états américains.

Ce blog présente certains des résultats préliminaires, car ils sont particulièrement pertinents pour la discussion sur une reprise économique propre et résistante après la COVID-19.  L’augmentation de l’échelle et de la portée des portefeuilles de programmes d’efficacité existants pour les principales juridictions nord-américaines présente une initiative de relance économique “prête à l’emploi” et “digne d’être lancée”, avec la capacité de créer 175 000 emplois par an et d’augmenter le PIB annuel de 42,5 $.
Dans la carte de pointage, nous avons suivi les économies et les objectifs annuels supplémentaires en pourcentage des ventes, par type de carburant, pour permettre une comparaison avec la carte de pointage de l’ACEEE

Voir ci-dessous pour les résultats concernant les économies d’électricité et les objectifs, ainsi que les économies de gaz naturel

Économies d’électricité

State/Province2018 savings as % of retail salesNorth American rank
Massachusetts2.82%1
Rhode Island2.79%2
Vermont2.30%3
Maryland1.87%4
Illinois1.66%5
California1.62%6
Hawaii*1.47%7
Michigan1.46%8
Ontario*1.41%9
Connecticut1.37%10
Minnesota1.33%11
Nova Scotia1.32%12
Arizona1.27%13
District of Columbia1.23%14
Washington1.18%15
New York1.16%16
Ohio1.14%17
Iowa1.08%18
Colorado1.07%19
Maine1.05%20
Oregon0.95%21
Idaho0.87%22
New Hampshire0.75%23
Pennsylvania0.74%24
Wisconsin0.72%25
Utah0.70%26
Arkansas0.68%27
Manitoba0.68%28
North Carolina0.67%29
British Columbia0.64%30
Missouri0.61%31
Nevada0.59%32
New Brunswick0.57%33
New Mexico0.56%34
Indiana0.55%35
Montana0.51%36
Oklahoma0.50%37
South Carolina*0.49%38
Newfoundland and Labrador0.47%39
New Jersey0.35%40
Québec0.29%41
Mississippi0.28%42
Nebraska0.26%43
Alberta0.26%44
Georgia0.25%45
Wyoming0.24%46
Saskatchewan0.21%47
South Dakota0.20%48
Prince Edward Island0.20%49
West Virginia0.19%50
Texas0.18%51
Delaware0.15%52
Tennessee0.13%53
Kentucky0.12%54
Florida0.09%55
Louisiana0.05%56
Virginia0.05%57
Alabama0.03%58
North Dakota*0.01%59
Alaska*0.00%60
Kansas*0.00%61
North American Median0.61%
* Les états / provinces qui n’avaient pas de données sur les économies de 2018 ont été notés sur les économies de 2017.
Toutes les provinces canadiennes ont déclaré des économies nettes. Certains états ont déclaré au moins une partie de leurs économies comme étant brutes. Dans ce cas, l’ACEEE a appliqué un facteur de 0,8413 du net au brut à l’épargne brute. Pour plus d’informations, voir le tableau 7 de la carte de pointage de l’ACEEE pour 2019.

Les principaux états américains (Massachusetts, Rhode Island, Vermont) ont régulièrement réalisé des économies d’électricité annuelles de l’ordre de 2 à 3 % de leurs ventes au détail. D’un point de vue nord-américain, l’Ontario se classe 9e et la Nouvelle-Écosse 12e. Il convient toutefois de noter que l’Ontario a annoncé d’importantes réductions budgétaires des programmes d’électricité, ce qui réduira les économies à l’avenir.

Objectifs d’économies d’électricité

State/ProvinceApprox. annual electric savings target as % of retail sales (2020-2025)
Massachusetts2.7%
Rhode Island2.5%
Maine
2.4%
Vermont2.4%
Arizona
2.1%
New York
2.0%
Maryland
2.0%
Illinois
1.7%
Colorado
1.7%
New Jersey
1.5%
Minnesota1.5%
Hawaii
1.4%
New Hampshire
1.3%
California
1.3%
Oregon
1.3%
Arkansas
1.2%
Virginia
1.2%
Connecticut
1.1%
Nevada
1.1%
Nova Scotia
1.1%
Michigan
1.0%
New Mexico
1.0%
Washington
0.9%
Iowa
0.9%
Pennsylvania
0.8%
New Brunswick
0.8%
Wisconsin
0.7%
Prince Edward Island
0.7%
Ontario t
0.7%
British Columbia0.5%
Manitoba *
0.5%
North Carolina
0.4%
Québec
0.3%
Newfoundland and Labrador
0.3%
Saskatchewan
0.3%
Texas
0.2%
Ohio
0.0%
AlbertaNo target
* Le Manitoba a fixé des objectifs annuels et pluriannuels pour l’électricité et le gaz naturel dans le cadre de la loi sur l’efficacité du Manitoba. Ces objectifs comprennent les économies réalisées grâce aux programmes et aux codes et normes applicables à l’ensemble de l’économie. Comme le plan de gestion de la demande de la nouvelle société de la couronne Efficiency Manitoba n’a pas encore été approuvé lors de la collecte des données, les objectifs spécifiques des programmes sont basés sur des documents de planification et sont nettement inférieurs à ceux proposés par Efficiency Manitoba.
t Les objectifs de l’Ontario ont été mis à jour, en supposant la mise en œuvre des économies d’efficacité prévues dans les perspectives de planification de la SIERE.
Lorsque nous examinons les objectifs en matière d’électricité, les provinces canadiennes sont plus en retard, et nous constatons que de nombreuses juridictions américaines font preuve d’une plus grande ambition. Les dix premiers états visent des économies supérieures à 1,5 %, tandis que le principal objectif canadien en matière d’économies d’électricité est de 1,1 % en Nouvelle-Écosse.

Économies de gaz naturel

State / Province2018 savings as % of retail salesNorth American rank
Québec1.32%1
Rhode Island1.14%2
Massachusetts1.05%3
Maine0.85%4
Minnesota0.83%5
District of Columbia0.76%6
New Hampshire0.72%7
Michigan0.71%8
Quebec (utility only)0.65%9
Utah0.56%10
Oregon0.56%11
California0.53%12
Connecticut0.50%13
New York0.49%14
Ontario*0.44%15
Wisconsin0.42%16
Vermont0.42%17
Arizona0.39%18
Maryland0.31%19
Arkansas0.27%20
Illinois0.27%21
Iowa0.26%22
New Jersey0.25%23
British Columbia0.23%24
Washington0.22%25
Alberta0.22%26
Delaware0.19%27
Colorado0.19%28
Oklahoma0.16%29
New Mexico0.14%30
Manitoba0.13%31
Montana0.12%32
Indiana0.11%33
Idaho0.06%34
Mississippi0.06%35
North Carolina0.05%36
Saskatchewan0.04%37
South Dakota0.04%38
Florida0.03%39
Pennsylvania0.03%40
North American Median0.27%
* Les données de 2016 étaient les plus récentes disponibles en Ontario.
Toutes les provinces canadiennes ont déclaré des économies nettes, à l’exception des programmes TEQ au Québec qui sont déclarés en brut. La carte de pointage canadienne a joint un ratio net/brut de 0,8 pour estimer les économies nettes. Pour la comparaison avec la carte de pointage américaine, ce tableau utilise le ratio net/brut de 0,8413 appliqué dans la carte de pointage américaine de 2019. Il convient également de noter que l’Ontario a un ratio net/brut très faible de 0,382. L’épargne brute de l’Ontario est égale à 1,1 % des ventes. La médiane nord-américaine ne compte que le Québec avec des économies de TEQ.

Nos chiffres sur les économies annuelles de gaz naturel montrent que le Québec est le premier épargnant en Amérique du Nord, si l’on se base sur ces économies en pourcentage des ventes. Le chiffre de 1,32 % des ventes comprend les économies réalisées par le principal service public de gaz naturel (Énergir) et par un organisme gouvernemental (Transition énergétique Québec) qui gère également des programmes de gaz naturel. Si l’on ne tient compte que des économies réalisées par la principale entreprise de gaz naturel, le Québec figure toujours parmi les dix plus importantes juridictions nord-américaines.

Les résultats du Québec s’expliquent à la fois par le contexte politique et le marché. L’explication politique reconnaît l’importance des programmes TEQ, qui sont principalement financés par les revenus du système de plafonnement et d’échange ainsi que par une redevance sur les entreprises de distribution d’énergie. Ces fonds sont destinés à la réduction des émissions de GES, qui sont actuellement axées sur les économies de gaz naturel et de transport. Ce résultat de premier plan en Amérique du Nord montre ce qui peut être accompli en combinant le financement des services publics et des gouvernements.

Les résultats du Québec s’expliquent également par un marché presque entièrement dominé par les clients industriels et commerciaux du gaz naturel, car la plupart des bâtiments résidentiels utilisent la chaleur électrique du réseau québécois dominé par l’hydroélectricité. Les programmes de gaz naturel du Québec peuvent permettre de réaliser d’importantes économies d’énergie par dollar dépensé dans ces marchés.

Malheureusement, nous ne disposons pas de données permettant de comparer les économies réalisées sur le mazout qui domine les marchés du chauffage du Canada atlantique (d’où leur exclusion du tableau ci-dessus). La carte de pointage canadienne de l’année prochaine vise à recueillir des données sur les économies de gaz naturel et de mazout de chauffage.

Explication des résultats canadiens

Le facteur déterminant qui explique les résultats obtenus dans les principaux états est la politique. Le Massachusetts, le Rhode Island et le Vermont ont des mandats qui exigent d’investir dans toutes les solutions d’efficacité énergétique dont le coût est inférieur à l’offre. Aucune province canadienne n’a institué de norme claire en matière de ressources d’efficacité “toutes rentables”, et plusieurs provinces ont des restrictions budgétaires arbitraires même si des études indiquent un plus grand potentiel d’économies d’énergie.

De nombreuses juridictions canadiennes dominées par l’hydroélectricité sont confrontées à des excédents d’électricité, ce qui signifie que les coûts à court terme que les économies d’électricité peuvent éviter sont moins élevés. Cependant, les économies d’énergie restent rentables si l’on considère les coûts du système et les objectifs politiques à long terme, tout en tenant compte de tous les avantages en matière d’efficacité énergétique. Les économies d’électricité au Canada devront augmenter si les provinces veulent réaliser leur ambition d’électrifier massivement les systèmes de transport et de chauffage. Une analyse réalisée au Québec a révélé que l’efficacité énergétique est essentielle pour libérer de manière rentable l’hydroélectricité pour alimenter les véhicules, et une étude menée à Terre-Neuve-et-Labrador a montré que le maintien de l’efficacité énergétique de l’électricité permettait de gérer les demandes de pointe d’un programme à grande échelle visant à remplacer le mazout par des pompes à chaleur.

Les principaux États sont également en avance sur la plupart des juridictions canadiennes en tenant compte des multiples avantages de l’efficacité énergétique. Par exemple, les politiques de sélection du programme du Massachusetts tiennent compte des avantages pour la santé des participants, de l’amélioration de la productivité, du confort et des économies supplémentaires d’eau et d’autres combustibles.

Dans le contexte de la reprise économique, les avantages autres que ceux généralement pris en compte dans les systèmes de services publics seront particulièrement importants – des avantages tels que la création d’emplois, le soutien aux plus vulnérables, l’augmentation des dépenses dans les économies locales, la santé, la résilience des infrastructures et la réduction des gaz à effet de serre.

Les programmes de développement comme stratégie de relance

Selon les médias, le gouvernement fédéral est à la recherche d’initiatives “prêtes à l’emploi” pour soutenir la reprise économique après la COVID-19. Le gouvernement fédéral peut s’appuyer sur une infrastructure de prestation de programmes déjà existante pour fournir un soutien rapide, responsable et efficace aux Canadiens.

L’expérience passée suggère que les gouvernements devraient éviter les longs processus d’approbation internes, financer des programmes entiers pour éviter les projets à la carte, utiliser la validation par un tiers et disposer de systèmes pour suivre de près les progrès. Les portefeuilles de programmes d’efficacité énergétique existants répondent à tous ces critères. Soutenir un portefeuille de programmes résidentiels, commerciaux et industriels signifie que les administrateurs peuvent adapter avec souplesse les stratégies qui garantissent que l’argent est réellement dépensé et que des emplois sont créés, tout en adoptant les différentes politiques de réouverture post-COVID-19. Les programmes d’efficacité font l’objet d’un processus d’examen approfondi supervisé par les autorités de réglementation des services publics, impliquant un examen minutieux par des experts tiers et des parties prenantes. Il existe des systèmes établis pour les tests de rentabilité, l’évaluation, la mesure et la vérification, et le suivi des performances.

Le financement de la mise à l’échelle peut être assuré par des initiatives fédérales existantes. En particulier, le Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone, le Fonds d’incitation à l’action climatique et le programme Énerguide. Les programmes d’amélioration de l’efficacité énergétique permettent également d’atteindre les objectifs de relance en matière de création d’emplois et de stimulation du PIB. Notre étude Less is More comprend un scénario “Pan-Canadian Framework Plus” qui a augmenté les économies annuelles mentionnées ci-dessus à 2 % pour l’électricité, 1,3 % pour le gaz naturel et 1,9 % pour les produits pétroliers raffinés – dans chaque province – au cours des cinq premières années. Les économies sont ensuite passées à 2,5 %, 1,75 % et 2,5 % respectivement. Ces résultats sont obtenus en augmentant les budgets de 2,2 milliards de dollars la première année, pour atteindre 11,9 milliards de dollars, en moyenne sur 14 ans. Ces investissements créent 35 000 emplois la première année, puis 280 000 la huitième année, tout en assurant une augmentation annuelle moyenne de 43 milliards de dollars du PIB et une réduction de 79 millions de tonnes de GES en 2030.

Dans le cadre d’une approche de portefeuille permettant la flexibilité et l’adaptation, il est également possible pour le gouvernement fédéral de mettre l’accent sur des critères de performance qui donnent la priorité à la stimulation économique et à la réduction des gaz à effet de serre. Ces critères sont les suivants

Rénovation plus poussée

La plupart des programmes d’efficacité énergétique résidentielle permettent de réaliser moins de 20 % d’économies d’énergie par maison, et nous devons parvenir à au moins 50 % d’économies pour atteindre les objectifs climatiques. Étant donné que 60 % des dépenses consacrées à la rénovation des habitations sont consacrées à la main-d’œuvre, se concentrer sur des rénovations plus importantes est un excellent moyen de créer des emplois.

Pauvreté énergétique

Vingt pour cent des ménages canadiens sont confrontés à la pauvreté énergétique et seront les plus touchés par une récession. L’octroi d’une aide immédiate aux ménages à faibles et moyens revenus permettra d’augmenter les multiplicateurs de dépenses locales et de tirer parti des programmes existants qui sont souvent entravés par des critères restrictifs en matière de coûts-avantages. 

Codes de construction avancés

La promotion des activités visant à faire progresser l’adoption des codes de construction a été un élément clé des efforts de relance américains après 2008, comme l’explique ce blog. La promotion de l’introduction des codes modèles de construction canadiens, qui seront bientôt publiés, créera la certitude dont les fabricants et les constructeurs ont besoin pour se réoutiller et se recycler, ce qui renforcera la confiance des entreprises et orientera les investissements privés.

Transformation du marché des systèmes de chauffage

Des rénovations plus importantes et des réductions de GES nécessitent le passage à des systèmes de chauffage plus efficaces et à faible teneur en carbone, comme les pompes à chaleur. Le soutien fédéral peut aider à briser les “silos à combustibles” qui peuvent exister au niveau provincial, et à promouvoir les objectifs de transformation du marché.

Pour conclure, l’analyse comparative nord-américaine de cette année montre que chaque province canadienne a la possibilité de rattraper les niveaux d’économie d’énergie atteints dans les principaux États américains. Rattraper ces leaders constitue désormais un moyen facilement accessible de créer des emplois et de stimuler le PIB dans le cadre d’une reprise économique verte après la conférence COVID-19.

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